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Focus – Vendredi 14 mars – 09h30
L’association Simultan est une organisation non gouvernementale fondée en 2005 par un groupe d’artistes et de praticiens de Timișoara.
L’association vise à développer et à maintenir une plateforme dédiée aux arts interdisciplinaires – projets de médias émergents, musique expérimentale, projets audio-visuels et sonores, liés au contexte culturel mondial et aux nouvelles formes d’expression, en mettant l’accent sur la promotion et la génération de contenu original.
La création d’une telle structure a constitué une étape importante pour familiariser la scène artistique locale avec les possibilités offertes par les nouveaux médias. Notre objectif est d’exposer chaque année des performances sonores/audiovisuelles, des concerts de musique expérimentale, des projections d’art vidéo, des expositions, des conférences et des ateliers, dont les thèmes et les méthodes incluent : l’éclectisme stylistique, la relation entre l’homme et l’automatisation, le recyclage ou les sujets écologiques, le lyrisme sec – numérique, la fusion d’instruments acoustiques et électroniques, le cinéma élargi, les collages sonores joviaux en direct, la réflexion sur la structure politique du son.
Dans les vidéos All That is Solid Melts into Air (Mona Vatamanu & Florin Tudor), The Unforeseen (Pamela Breda) et A Hard Currency of Memories (Albert Sten), trois perspectives distinctes convergent vers un thème commun : l’instabilité de notre perception de la réalité, qu’elle soit physique, virtuelle ou personnelle. Ces œuvres explorent la manière dont les actions humaines, les constructions technologiques et les souvenirs éphémères façonnent et influencent notre compréhension de l’existence. Elles suggèrent que la véritable nature de la réalité ne réside peut-être pas dans sa solidité ou sa permanence, mais dans notre capacité à faire face à son inévitable flux.
Dans All That is Solid Melts into Air, la réalité physique de Rosia Montana devient une métaphore de la relation fragile entre l’humanité et son environnement. En décrivant la dégradation de l’environnement et l’exploitation des entreprises, le film révèle un récit dystopique où rien n’est vraiment solide. Les jimages, où les paysages naturels se fondent dans les déchets industriels, créent un langage visuel apocalyptique, reflétant les révélations bibliques qui sous-tendent la bande sonore. Ici, la destruction n’est pas seulement une tragédie environnementale, mais un écho historique, évoquant les cycles répétés d’exploitation et d’effacement de l’humanité.
Dans The Unforeseen de Breda, l’accent est mis sur l’hypothèse de la simulation, où la frontière entre la réalité et l’artificialité s’estompe complètement. Le voyage solitaire de la protagoniste dans une ville vide, mais étrangement familière, reflète l’incertitude existentielle de vivre dans un univers potentiellement simulé. L’absence de mouvement et la nature ambiguë de son environnement évoquent un profond sentiment d’aliénation, invitant les spectateurs à s’interroger sur la fiabilité de leurs perceptions. La réalité est-elle une construction tangible ou est-elle aussi fragile et malléable que les simulations numériques auxquelles nous nous fions de plus en plus ?
Dans A Hard Currency of Memories, l’instabilité de la mémoire est une crise à la fois personnelle et collective. À travers des interviews et des images d’archives, Sten examine la vulnérabilité de nos identités numériques et des infrastructures qui les préservent. La mémoire, autrefois considérée comme une faculté humaine innée, est aujourd’hui externalisée dans des formats numériques fragiles, susceptibles d’être perdus et décomposés. L’exploration de la récupération des données dans le film est une entreprise à la fois technique et émotionnelle, qui souligne à quel point notre sentiment d’identité est lié aux archives numériques que nous créons. À l’instar des paysages submergés de Rosia Montana et des rues simulées de The Unforeseen, les banques de mémoire numérique de A Hard Currency of Memories sont précaires, au bord de l’effacement.
All That is Solid Melts into Air | Mona Vatamanu & Florin Tudor | Roumanie |2012-2013 | 17’21
La vidéo All That Is Solid Melts Into Air revisite le site minier de Rosia Montana, dans le nord-ouest de la Roumanie, riche en or et en métaux rares. Une société canadienne annonce ses projets d’extraction au cyanure par le biais d’une campagne de relations publiques pompeusement optimiste, qui contraste directement avec les images sur lesquelles s’appuie ce film. Rosia Montana, où l’exploitation minière a commencé à l’époque préromaine et qui a fait l’objet d’une exploitation acharnée après les années 70, ressemble de manière effrayante à l’image d’une planète post-cataclysmique, où tous les signes d’habitation ont été submergés par des eaux usées rougeâtres.
The Unforeseen de Breda | Pamela Breda | Italie | 2019 | 12’50
Le film explore ce que l’on appelle l’hypothèse de la simulation ou la théorie de la simulation, qui propose que toute la réalité, y compris la Terre et l’univers, est en fait une simulation artificielle, très probablement une simulation informatique. Le film suit une jeune femme inconnue (Erika Larsson) qui erre dans les rues d’une ville vide. Elle se déplace dans un espace qui lui semble familier, mais en dehors d’elle, aucun mouvement apparent n’est perceptible. Ces expériences sont-elles réelles ou simulées ?
A Hard Currency of Memories | Albert Sten | Suède | 2024 | 10’08
« A Hard Currency of Memories » est un film expérimental qui explore la relation complexe entre la mémoire et les données. À travers des entretiens individuels détaillant des expériences de perte de données, des visites sur le terrain et des entretiens dans un laboratoire de récupération de données, le film se propose d’étudier l’infrastructure sous-jacente à ce phénomène moderne. Enrichi de documents d’archives, il offre une plongée profonde dans les complexités de la préservation de la mémoire à l’ère numérique.
Matériel d’archives provenant de The Prelinger Archives Home Movies. Provenant de l’Internet Archive. Ainsi que des films familiaux privés provenant des albums personnels des réalisateurs.