This post is also available in: English (Anglais)

 Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars

L'Arannà

François Vogel

Salle Gaillard, 2 rue Saint Pierre

Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h

En accès libre

L’œuvre :

« La Salamandra », titre d’un album du duo catalan « L’Arannà », s’inspire des poèmes de Mercè Rodoreda qui constituent la source même de ce projet artistique.

Voici l’extrait d’un de ces poèmes :

« Et ainsi, j’ai atteint un endroit étrange :

Plein de couleurs qui n’étaient pas des couleurs,

Un feu différent du feu, une illusion.

J’ai vu des choses que j’avais déjà vues,

Mais depuis quel lieu si différent. »

 

Les poèmes ont été transformés en musique et en chansons par les deux compositrices, Lara et Anna, qui forment le duo « L’Arannà ». L’artiste François Vogel a sublimé ces créations musicales en les mettant en images à travers une série de vidéos captivantes. Ces vidéos dévoilent un univers étrange et onirique où les chanteuses évoluent dans des mondes altérés et déformés :

Une mer se métamorphose en cascade (La meva Cristina) ;

Un piano s’étire sous les doigts des musiciennes (Jardí Vora el Mar) ;

Leurs corps se multiplient et se déforment dans l’obscurité (Flor Negra) ;

Une sorcière est consumée par des mains tentaculaires (La Salamandra) ;

Des fleurs glissent doucement sur leurs yeux (Flor Vergonya).

Cette série de vidéos nous plonge dans un univers visuel et sonore à la fois poétique et sensible, où chaque image invite à une réflexion sur la beauté, l’étrangeté et l’imaginaire.

L’artiste :

François Vogel a commencé des études scientifiques avant de se réorienter vers l’art, poussé par sa passion pour le dessin et la photographie. Il a poursuivi ses études aux Arts Décoratifs, dont il est diplômé de la section art vidéo en 1992.

Au début des années 1990, il a collaboré à la réalisation des effets visuels de films. Reconnu à l’échelle internationale, il a été sollicité comme réalisateur par de nombreuses sociétés de production aux États-Unis, grâce à son talent pour concevoir des univers poétiques et inventer des procédés novateurs d’effets visuels.

Parallèlement, il a développé une pratique artistique éclectique dans le domaine des arts visuels, qu’il a présentée dans divers festivals internationaux. Ses œuvres, comprenant des photographies, des films expérimentaux et des installations interactives, ont été exposées et diffusées dans des institutions culturelles en France et à l’étranger. Elles figurent également dans les collections de musées nationaux et de collections privées, comme le Centre des Arts d’Enghien-les-Bains, le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Joseph Déchelette, la Villa Balthazar de Valence, Yuki Terrace de Sapporo ou encore Soho House à Los Angeles.

Son travail plastique explore les notions de déformation spatiale et spatio-temporelle en combinant des captations optiques audacieuses et des outils numériques, créant ainsi des œuvres aux accents surréalistes. Son approche empirique, interroge avec humour et poésie les liens entre les individus, leur environnement et le temps.

PORTRAIT D'ARTISTE :

Pour en savoir plus...

Propos recueillis par Fanny Bauguil (professeure relai à VIDEOFORMES) et Manon Derobert (chargée de communication pour VIDEOFORMES)

 

  • Comment décririez-vous cette installation ? Que voit-on ? Qu’entend-on ? Que se passe-t-il ?

 

Le travail présenté s’apparente plus à une projection qu’à une installation au sens classique. Il s’agit d’une série de vidéos musicales issues d’une collaboration entre mon exploration visuelle des déformations d’image et les compositions du duo catalan L’Arannà. À l’écran, on découvre les deux musiciennes en train de chanter, danser et jouer, mises en scène dans des univers variés et poétiques. Les chansons qu’elles interprètent s’inspirent des poèmes de l’autrice catalane Mercè Rodoreda, mêlant leurs mélodies à la puissance des mots.

  • De quoi ça parle ?

 

Les poèmes ayant inspiré les musiques et les images explorent des thématiques liées à la nature et à des figures emblématiques : des fleurs (« Flor Negra », « Flor Vergonya »), une sorcière (« La Salamandra »), une baleine (« La meva Cristina »), ou encore un jardinier (« Jardí Vora el Mar »). La prose unique et vibrante de Mercè Rodoreda véhicule des émotions profondes et des sensations évocatrices. Mon travail visuel vient prolonger ces impressions, en traduisant cette intensité dans des expérimentations plastiques et des jeux de déformation.

  • Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d’élaboration de l’oeuvre pour en arriver à ce résultat ?

 

Ces vidéos ont déjà été partiellement dévoilées lors de concerts ou diffusées en fragments sur les réseaux sociaux. Toutefois, c’est la première fois qu’elles bénéficient d’une véritable projection dédiée, leur offrant un espace de contemplation à part entière.
Le projet a commencé lorsque le duo L’Arannà m’a proposé de mettre en images les morceaux de leur album « La Salamandra ».  J’ai aimé leur projet et leur esprit. Je suis parti en Catalogne pour les filmer dans des contextes et décors variés. Ensuite, j’ai travaillé les séquences en profondeur grâce à des techniques numériques, intégrant des déformations visuelles et spatiotemporelles pour insuffler une dimension singulière à ces vidéos.

  • Quels sont les artistes (toutes disciplines confondues) ou plus généralement les formes artistiques qui nourrissent votre création, et éventuellement les références auxquelles vous vous référez pour cette installation ?

 

La découverte des films d’animation du cinéaste tchèque Yan Svankmajer m’a marqué. Son travail est tellement loin du cinéma habituel qu’on pourrait presque imaginer que c’est une autre forme d’art. J’aime être surpris par de nouveaux langages visuels.
Le projet « La Salamandra » ne fait pas appel à des références particulières, pas consciemment en tous cas !

  • Quels sont les problèmes, les contraintes, les défis … que vous avez rencontrés lors de son élaboration ?

 

Toutes les images produites dans ces vidéos sont travaillées numériquement après le tournage. C’est un gros travail de post-production que je fais seul. Produire ce type d’images pour tout un album musical est un défis en terme de temps de travail. Nous avons fais le choix de réutiliser parfois des séquences en faisant des boucles.

  • Pouvez-vous donner un ou plusieurs liens Internet où nous pouvons voir votre travail ?

 

Instagram : www.instagram.com/francois.vogel/
Mon site internet : www.francoisvogel.com/
Tiktok : www.tiktok.com/@francois.vogel

  • Pouvez-vous donner quelques mots-clés qui correspondraient bien à votre installation ?

 

Poésie
Musique
déformation
fleurs
nature
Catalogne
Mercè Rodoreda
L’Arannà

  • Quelques mots sur votre parcours artistique ? À quel moment de votre vie avez-vous commencé à vous intéresser à l’art numérique ? Pouvez-vous vivre de votre art ?

 

Mon parcours artistique a commencé enfant quand je dessinais et quand j’observais les reflets déformés par les boules de noël ou les robinets chromés. J’ai ensuite fait des études artistiques aux Arts Déco (ENSAD).
J’ai grandi avec l’arrivée des ordinateurs personnels. Dans les années 1980, mes parents avaient un Thomson TO7, sur lequel j’ai écrit mes premiers programmes pour générer des images. Avec leur caméra Super 8, j’ai également expérimenté le tournage image par image. Adolescent, je réalisais mes premiers films numériques en combinant ces deux passions.
Je gagne ma vie surtout en réalisant des films de commande, des publicités. C’est un travail que j’ai toujours pu combiner avec mon travail personnel. C’est une grande chance parce que ça m’a toujours permis de financer mes œuvres personnelles en toute liberté, sans jamais avoir besoin de justifier mes choix créatifs. Parfois aussi, mes œuvres personnelles m’ont fait gagner un peu d’argent, en diffusion grâce à la distribution de l’agence du court métrage ou en diffusion sur des chaines de télé, également sous la forme d’achat d’oeuvres numériques NFT. J’ai aussi eu la chance de faire quelques résidences d’artistes qui m’ont permis de créer des œuvres personnelles en étant rémunéré et épaulé dans mon travail. Ce sont mes expériences les plus enrichissantes. Se sentir soutenu dans son processus de création est précieux pour un artiste.

videoformes.com >