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 Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars

Rituel de l'eau, Rishi's Upanayanam

Véronique RIZZO

Salle Gilbert-Gaillard, 2 rue Saint Pierre

Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h

En accès libre

L’œuvre :

Impressions bengali, une nuit au bord du Gange. En arrière-plan du village Bhadreswar, Le fleuve cosmique s’écoule et s’infiltre en petites retenues dans le village et la forêt. Demain aura lieu la cérémonie, l’upanayanam du jeune Rishi et il fera le deuil de son enfance pour entrer dans une nouvelle phase de sa vie. Il recevra le bâton du pèlerin et l’habit du prince. La communauté l’accompagne et l’entoure dans ce passage.

La nuit précédente, j’ai filmé les femmes qui sont allée recueillir l’eau sacrée dans des jarres en cuivre. Le feu est allumé pour appeler les éléments et recevoir leurs bénédictions. Telles des asparas de l’eau, de la terre, de l’air et du feu, leurs chants se mêlent doucement aux bruits de la forêt et à la conque qui résonne. La scène m’a semblée un conte décrit dans les poèmes mystiques hindous. Elle m’a tellement surprise et ravie que j’ai voulu lui rendre hommage.

L'artiste :

Véronique Rizzo vit et travaille à Marseille. Elle expose depuis 1997, en France et à l’étranger.

Sa pratique suit le chemin original d’une picturalité qui explore autant les récits et les territoires de l’objet tableau que ceux du film vidéo expérimental. L’instabilité de ses motifs explose les visées manifestes des styles en assumant leurs contradictions dialectiques.  Son approche réflexive de l’histoire des formes, les fait vibrer dans l’espérance d’une projection romantique utopique qui signifie un retour radical à la sensation. L’hybridité de son travail s’appuie sur les coexistences im­prévues d’abstractions, les traces de multiples chocs d’images, ainsi que sur des fictions hermétiques. La représentation d’espaces ambigus et hallucinatoires révèle la relation psycho-sensorielle de la conscience à la spatialité et à l’image, devenue espace environnemental. La couleur, diluée dans les échos du son, diffuse sa matérialité et le mouvement des formes immerge le spec­tateur dans une hypnose salvatrice.

Site internet de l’artiste : https://www.documentsdartistes.org/artistes/rizzo/repro.html

PORTRAIT D'ArtistE :

Pour en savoir plus...

Propos recueillis par Fanny Bauguil (professeure relai à VIDEOFORMES)

  • Comment décririez-vous cette installation ? Que voit-t-on ? Qu’entend-t-on ? Qu’y fait-t-on

L’installation est une projection en dyptique de deux tableaux. Les formats de projection sont deux 16 :9 verticaux.  Celui de droite est une scène nocturne près d’un petit lac, où des femmes indiennes en saris allument un feu près de l’eau et accomplissent un rituel mystérieux. Dans l’autre on voit un flux de couleurs qui se mélangent et s’entremêlent qui représente symboliquement l’eau du Gange, le fleuve qui coule tout près du village.

  • De quoi ça parle ?

De la préparation d’une cérémonie de passage, l’upanayanam pour un jeune garçon brahmane qui vient d’atteindre ses 14 ans. La cérémonie est organisée par la famille avec la contribution du village, elle est censée accompagner le jeune garçon dans ce moment symbolique ou sa vie d’adulte commence et où il fait ses adieux au monde de l’enfance. On lui rasera le crâne le lendemain, symbole de rigueur et de résilience.  L’eau du Gange, recueillie la veille sera versée en bénédiction.  Cela parle du grand fleuve sacré, d’un moment de la vie d’une communauté d’un petit village du Bengale. De la magie, du sacré, de la nature. 

  • Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d’élaboration de l’œuvre pour en arriver à ce résultat ?

C’est la deuxième fois que l’installation est présentée au public. La première fois c’était en février 2024 à Auxerre, sur l’invitation de l’association Hors cadre qui l’a montrée à travers une double projection nocturne par des fenêtres donnant sur la rue. 

C’est cette invitation qui a déclenché l’élaboration de la pièce, le format des fenêtres correspondaient au format de la scène des femmes filmé à l’improviste au smartphone pendant l’été 2023. J’ai pensé à la représentation symbolique du Gange dans la deuxième fenêtre pour constituer le dyptique qui rappelle certaines configurations picturales. Les images et le son captés étaient très bruts.  J’ai travaillé la matière des images pour leur donner une qualité, une épaisseur, une densité. 

  • Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

La musique de Harold Budd est très importante et m’a accompagnée durant l’élaboration de la pièce. L’esprit qui se dégage de cet album : “The Pavillon of dreams” dont le morceau phare est « Bismillahi ‘Rahmani ‘Rahim » (une ode au grand tout), coïncidait tout à fait avec ce que je voulais aborder dans la pièce : un calme, la justesse de l’homme dans son environnement, une bienveillance universelle. 

Je suis influenscée par la peinture abstraite méditative et le travail sur la couleur dans l’espace des grands peintres abstraits comme Rothko, Morris Louis, Helen Frankenthaler…

  • Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?

Les difficultés ont été surtout techniques car les prises de vues étaient de qualité médiocre et je devais en faire quelque chose de sublime. J’ai donc travaillé image par image, l’intensité et le rapport des couleurs, l’étirement dans le temps des images sources, les transitions des collages de différents moments, les effets spéciaux que j’ai ajouté aux prises de vues du réel. Cela a demandé beaucoup de temps car chaque détail est à paramétrer et cela demande un grand temps de calcul pour l’ordinateur. C’était une gageure de faire quelque chose avec des images tournées à l’improviste dans des conditions de non-préparation. 

  • Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l’on peut voir votre travail ?

https://www.documentsdartistes.org/artistes/rizzo/repro.html

https://veroniquerizzo.com/

https://vimeo.com/veroniquerizzo

  • Quelques mots-clés qui s’accommoderaient bien à votre installation ?

Nature, sacré, calme, volupté, bienveillance, éléments naturels, magie, passage à l’âge adulte, communauté.

  • Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous interessé-e à l’art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Je me suis intéressée à l’art numérique à partir de 2001. J’ai plusieurs sources de revenus dont l’enseignement. Non je n’arrive pas à en vivre stricto sensu.

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