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 Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars

Dé-payser

Laure NILLUS

Lieu Jeunesse Anatole France

Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h

En accès libre

L’œuvre :

Dé-payser est une installation documentaire immersive qui met en relation des récits sonores avec les images des lieux où ils ont été vécus. Le territoire ainsi recomposé est celui des vallées montagneuses de la Nervia et la Roya qui courent jusqu’aux villes côtières de Menton et Vintimille – décor d’un théâtre de violences diverses, exercées plus ou moins dans l’ombre. Dans une pièce sonore en quadriphonie durant 1h30, se mêlent les histoires d’habitant·e·s, aidant·e·s, et personnes en situation d’exil ayant cherché à traverser la frontière franco-italienne fermée depuis 2015. En résonance à cette composition de mots – et de sons recueillis sur place – se déploient sur les murs de l’espace, des photographies en noir et blanc des lieux de cette zone frontalière. Par intermittence, des travellings vidéos de paysages abîmés et des sous-titres en trois langues sont projetés pour compléter le dispositif.

L'artiste :

Laure Nillus compose des objets artistiques visuels et/ou sonores. En collectif, avec les Menstruelles, qui produisent 1h de création sonore par mois et Rebenty qui fabrique manuellement des films expérimentaux en 16mm. En portant des projets participatifs destinés aux habitant·e·s d’un territoire comme Enfances ou L’Envers des lieux. Sur commande, avec des séries photographiques et objets vidéos notamment pour la Compagnie Juste ici. En solitaire, pour des projets personnels comme Dé-payser. Ses recherches artistiques sont souvent liées à la notion de territoire et de mémoire ; elle s’attache à la trace et aux souvenirs laissés par l’humain sur un paysage.

PORTRAIT D'ArtistE :

Pour en savoir plus...

Propos recueillis par Fanny Bauguil (professeure relai à VIDEOFORMES) et Manon Derobert (chargée de communication pour VIDEOFORMES)

  • Comment décririez-vous cette installation ? Que voit-t-on ? Qu’entend-t-on ? Qu’y fait-t-on ?

Dé-payser comporte des photos, des vidéos et du son. Comme pour un film, on entre dans une pièce pour regarder et surtout écouter pendant 1h30 – c’est avant tout du cinéma pour les oreilles; les images accompagnent le son. On y voit des paysages photographiés en noir et blanc, des vidéos sur les routes et les rails et on entend des histoires dans 3 langues différentes.

  • De quoi ça parle ?

Ça parle de la partie sud de la frontière franco-italienne depuis qu’elle a été fermée en 2015 et de l’impact que cette fermeture a eu sur les lieux de ce territoire ainsi que sur la vie des gens qui l’habitent ou le traversent.

  • Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Pouvez-vous nous parler un peu du processus d’élaboration de l’oeuvre pour en arriver à ce résultat ?

Non, elle a déjà été montrée dans d’autres espaces / festivals.

Ça a été un travail au long cours sur 6 ans. J’ai passé beaucoup de temps sur place à essayer de comprendre les enjeux politiques que représente une frontière contrôlée seulement pour une partie de la population, à tenter d’aider, à rencontrer beaucoup de personnes, à me tromper à tous les niveaux, à apprendre l’italien, à enregistrer peu à peu, photographier, filmer. La structure qui accueille l’installation sonore et visuelle est un écrin pour que le public puisse entendre au mieux les histoires qui y sont racontées. Elle a aussi été conçue pour que Dé-payser puisse prendre place dans des lieux artistiques comme sur n’importe quelle place de village.

  • Quels sont les artistes (tous domaines confondus) ou plus généralement, les formes artistiques qui nourrissent votre démarche de création, et éventuellement, les références auxquelles vous faites allusion dans cette installation ?

Cette installation est née d’un désir de cinéma. L’idée du dispositif est inspirée du travail de Chantal Akerman et notamment de son documentaire Sud. Le film s’ouvre et se ferme avec le même travelling d’une petite route. Si nous ignorons la raison pour laquelle cette route nous est donnée à voir si longtemps au début du film, ce travelling prend tous son sens à la fin.

La photographie argentique et entre autres le travail de certain·e·s photographes surréalistes ont nourrit la réalisation visuelle de ce travail. Pour l’enregistrement des entretiens, les travaux du chercheur Steven Field sur l’acoustémologie en Papouasie Nouvelle Guinée ont eu une influence réelle, notamment sur ma décision d’enregistrer en arpentant les lieux. Enfin, la structure en bois et métal est une référence aux constructions de l’artiste Charlotte Perriand.

  • Quelles sont les difficultés, les contraintes, les défis à relever… rencontrés lors de son élaboration ?

Comprendre ce qui se joue sur place en démêlant les différents fils qui composent la situation a été long et complexe. J’ai tenté d’être un soutien en faisant bien souvent des erreurs d’un point de vue humain comme politique.

L’apprentissage de l’italien a été laborieux pour moi, mais indispensable pour rencontrer nombre de personnes ayant fait une demande d’asile en Italie.

Ce projet a aussi été un défi technique pour moi, puisque j’ai appris certaines pratiques tout en faisant ce projet (comme le montage en quadriphonie par exemple).

  • Pouvez-vous nous indiquer une ou plusieurs adresses internet où l’on peut voir votre travail ?

https://cargocollective.com/ladisquette

https://www.instagram.com/laurenillus

  • Quelques mots-clés qui s’accommoderaient bien à votre installation ?

Visuel, sonore, frontière franco-italienne.

  • Quelques mots sur votre parcours artistique ? A quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l’art numérique ? Arrivez-vous à vivre de votre activité créatrice ?

Je viens plutôt du cinéma, m’intéresse au documentaire de création depuis une quinzaine d’années. J’ai appris par la suite la photographie argentique et la création sonore, qui m’ont permis la réalisation de cette installation pluridisciplinaire.  Je vis en partie de mon activité créatrice et mène en parallèle des ateliers de transmission ou réalise des projets artistiques participatifs auprès de public différents (jeunes, personnes âgées, détenus…) le plus souvent éloignés de l’accès à la pratique artistique pour des raisons diverses.

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