
Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars
GOLDBERG'S VARIATIONS
Ismaël JOFFROY CHANDOUTIS
Chapelle de l’Oratoire
Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h
En accès libre
This post is also available in: English (Anglais)
Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars
Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h
En accès libre
Goldberg’s variations explore la personnalité complexe de Joshua Rye Goldberg, l’un des trolls les plus prolifiques et influents de l’histoire d’Internet. Djihadiste, néonazi, féministe radical, activiste : autant de masques portés par ce jeune Américain de 20 ans qui, depuis sa chambre en Floride, a poussé à son paroxysme l’art de jeter de l’huile sur le feu en ligne.
Ce portrait prend la forme d’une installation immersive qui reconstitue la chambre de Joshua, plongeant le spectateur dans son univers. Au cœur de l’installation, une vidéo présente une confession au présent, ponctuée d’allers-retours entre passé et présent à travers des flashbacks réanimés dans la discussion, évoquant des œuvres comme “El Sicario Room 164” ou “The Video Diaries of Ricardo Lopez”. La représentation de Joshua est un deepfake mouvant, oscillant subtilement d’un genre à l’autre, sa voix muant d’enfant à femme, d’homme à non-binaire, à l’instar du clip de Kendrick Lamar.
2025 / Production VIDEOFORMES
Ismaël Joffroy Chandoutis est un artiste français reconnu pour son travail à l’intersection du cinéma, de l’art contemporain et de la post-photographie. S’appuyant sur un panel d’outils numériques, l’artiste inscrit ses œuvres dans un geste documentaire aux formes hybrides (vidéo, installation, performance live…). Ses œuvres explorent les thèmes de l’identité numérique, du processus de production de la “réalité”, de la mémoire et plus généralement celui des mutations engendrées par les technologies à l’ère de la post-vérité.
En faisant usage de technologies issues du gaming ou des intelligences artificielles génératives, Ismaël Joffroy Chandoutis contribue à questionner les limites du cinéma documentaire post-internet et la tendance de convergence des médias. Diplomé de l’INSAS, de LUCA School of Arts et du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Ismaël Joffroy Chandoutis expose son travail dans les plus grandes institutions (Centre Pompidou à Paris, Pearl Art Museum à Shanghai…) et dans les plus prestigieux festivals (Biennale de Venise, Biennale NÉMO, Semaine de la critique – Cannes, Annecy, IDFA…). Ses œuvres ont reçu de nombreuses récompenses (Prix ADAGP Révélation Art Numérique, Honorary Mention à Ars Electronica, Prix Adobe à Clermont-fd, César du meilleur court métrage documentaire 2022). Depuis 2022, Ismaël Joffroy Chandoutis est artiste associé au Centquatre-Paris.
Site internet de l’artiste : https://www.instagram.com/ismael_jchandoutis/
Propos recueillis par Fanny Bauguil (professeure relai à VIDEOFORMES)
Cette installation immersive raconte l’histoire vraie de Joshua Ryne Goldberg, une personne qui s’est inventée plusieurs identités sur internet. Au sol, vous découvrirez une grande carte interactive inspirée des « Narrative Structures » de Mark Lombardi. Cette carte graphique permet d’explorer les liens entre Joshua, ses nombreuses personas, les journalistes, les adversaires et les alliés, ainsi que les plateformes internet où il a agi. En naviguant dans cette carte, vous déclenchez l’apparition d’informations détaillées sur un autre écran : chaque point révèle un message précis écrit par Joshua, sous un personnage qu’il incarnait alors, et les répercussions qu’il a eues. En même temps, une installation sonore diffuse les confessions de Joshua, issues de nos échanges réels avec lui : c’est sa voix qui guide et articule toute l’exploration des données.
Cette installation utilise la datavisualisation comme un terrain artistique, au-delà d’une simple représentation statistique ou scientifique. Elle dialogue directement avec Joshua lui-même, articulant son histoire à travers plus de 5000 pages de textes issus d’échanges réels menés avec lui
Est-ce la première fois que cette installation est présentée au public ? Comment avez-vous créé cette œuvre ?
Oui, c’est la première fois qu’elle est présentée. J’ai d’abord collecté environ 40 000 messages écrits par Joshua, puis j’ai conçu une base de donnée qui structure la donnée et je l’ai analysé pour faire émerger un sens, un récit, une problématique, un univers mental. Parallèlement, j’ai engagé des échanges avec Joshua d’abord en prison puis en le rencontrant à sa sortie, produisant ainsi une importante quantité de textes (plus de 5000 pages), qui servent de base à la partie sonore de l’installation.
Quels artistes ou quelles œuvres vous ont inspiré ?
Cette installation est inspirée des « Narrative Structures » de Mark Lombardi, qui visualisait des réseaux complexes de façon artistique et informative. Je suis aussi inspiré des data analyses qui ont émergé dans le journalisme dans les années 2010 ou encore des artistes comme Disnovation ou le groupe Forensic Architecture. Le personnage de Joshua évoque des figures comme le Joker, Elliott de « Mr. Robot » ou le protagoniste de « A Scanner Darkly ». D’autres références plus précises à sa culture cinématographique et vidéoludique sont aussi intégrées, notamment issues de jeux vidéo comme « Yume Nikki » ou de films tels que « Joker » et « Mr Robot ». Vous découvrirez également les nombreuses références à travers ses posts sous sa persona de critique cinéma et jeux vidéo.
J’ai commencé par collecter et structurer méthodiquement les 40 000 posts écrits par Joshua. J’ai ensuite développé une datavisualisation narrative et interactive, dans l’esprit des travaux de Mark Lombardi. Le dispositif sonore a été construit à partir des nombreuses heures d’entretiens et des milliers de pages de textes échangés avec Joshua, pour donner une dimension sensible et intime à l’expérience.
Quelques mots-clés qui s’accommoderaient bien à votre installation ?
Datavisualisation, immersion, internet, post-vérité, manipulation, réseaux sociaux, avatars, narration, identité numérique, enquête artistique, univers mental, contre-factualité.
Quelques mots sur votre parcours artistique ? À quelle période de votre vie vous êtes-vous intéressé-e à l’art numérique ?
Mon parcours artistique se structure autour du cinéma, de l’art contemporain et des technologies numériques. Très tôt, durant mes études à l’INSAS (montage) et à Sint-Lukas (réalisation) en Belgique, puis au Fresnoy en France, j’ai commencé à intégrer l’art numérique dans ma pratique. Mon travail, hybride et pluridisciplinaire, explore la frontière poreuse entre réalité et fiction, mémoire et technologie.
Oui, aujourd’hui je parviens à vivre de mon activité artistique grâce à mes création dans le cinéma, mes expositions en art contemporain, les cours, workshop, conférences que je donne et les collaborations que j’effectue auprès d’autres artistes ainsi que le soutien de nombreuses institutions publiques.