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Focus – Jeudi 13 mars – 14h00
Direction Odile Redolfi
Direction artistique et programmation : Nathalie Amae
OVNi est un festival international dédié à l’histoire de l’art vidéo, de ses débuts aux derniers développements technologiques qui accompagnent les créations artistiques. Le festival se déroule sur 18 jours, ponctués par 2 Itinéraires : l’un dans la/les Ville(s) et l’autre dans les Hôtels. Le festival comprend 3 week-ends d’événements, dont une Rencontre Art & Science, 2 prix d’écriture et de réalisation de films vidéo, le Prix Cosmopolis et le Prix OVNi Sud Emergence, accompagnés par deux jurys internationaux.
En dix éditions, près de 1 000 artistes auront été présentés grâce à nos mécènes, institutions publiques, fondations, centres d’art et diverses structures culturelles, de production et de diffusion, dans des lieux patrimoniaux variés et souvent insolites.
Un festival est un rituel, une expérience intense et festive qui met en équilibre les artistes, leur travail et le public. La programmation générale est un dispositif qui intègre la représentation de la création de la scène locale et internationale, y compris celle moins visible de certaines régions du monde. Il contient également un autre défi, celui d’un voyage sous-jacent à travers l’histoire du médium vidéo, 60 ans en 2023. Une histoire récente dont l’évolution est intrinsèquement liée à la technologie, ce qui en fait le média le plus actuel et le plus intéressant qui soit.
Trois œuvres de trois artistes emblématiques des orientations éditoriales du festival OVNi, développées par la Biennale OVNi, dont l’édition suivante est à l’automne 2026.
Nous avons le souci de tracer un parcours historique de l’art vidéo depuis plus de 60 ans et le présenter cet art pour ce qu’il est : un art d’avant-garde, puisqu’il a le potentiel d’évolution constante au gré des innovations technologiques.
Par ailleurs, nous défendons les artistes émergents, les artistes de la région Sud et les pratiques hybrides : l’artiste Jérémy Griffaud en est la synthèse parfaite, lui qui est aujourd’hui une référence internationale, fut porté par le Festival et précisément Odile Redolfi, depuis ses débuts. Il mêle l’art de l’aquarelle et celui des pixels, la dimension charnelle et matérielle intriquée dans la syntaxe des jeux vidéo.
La trajectoire historique, nous la retrouvons avec le travail de Justine Emard non seulement parce qu’elle s’intéresse au rapport que nous entretenons avec le besoin de représenter par l’image l’expérience du monde (intérieur et extérieur à notre individualité), mais aussi parce qu’elle s’est emparée de l’I.A pour s’en servir comme outil de prolongement à la fois de la structure de pensée et de l’évolution de l’humanité.
Le choix de Giulia Grossmann nous permet de préciser plusieurs axes : l’amplitude de programmation, puisque nous avions présenté l’un de ses documentaires au sein d’une exposition ; notre volonté d’inscrire OVNi dans un élan de production, au-delà des Résidences d’aide à l’écriture et à la réalisation ; et enfin, OVNi développe la partie éducation à l’image, en plus de nos Rencontre Art & Science, nous accordons une importance à la qualité de la médiation sur mode novateur. Nous avons notamment initié un projet avec une experte handicap et culture, référente ministérielle, concernant la transmission d’objet visuel à un public non voyant, dont la méthodologie est applicable à tout type de public.
Jérémy Griffaud | The Garden | 2024 | 10’ | couleur
The Garden est présentée en projection immersive, crée spécifiquement pour la Grotte du Lazaret en Novembre 2024.
Ce projet, originellement conçu pour une expérience VR qui vous plonge dans un jardin fantastique rempli d’espèces végétales uniques, épines dorsales à une mystérieuse production technologique, évoque notre rapport aux êtres du vivant, évoluant au gré des innovations scientifiques. Il interroge notre éthique de l’artificialisation de la vie et notre conception productiviste.
Cette expérience a été soutenue par la Villa Médicis, le CNC, le Fonds [SCAN], l’Institut Français, le Festival Nouvelles Images et le HUBLOT (Nice) et conçue en collaboration avec les programmateurs Alex Bourgeois et Rémi Lelaidier. Une première version interactive de The Garden a été montré à Kuala Lumpur, à la DAG Gallery en août 2024.
Julia Grossman | Mer intérieure | 2024 | 10’13 | couleur, son
J’ai eu l’opportunité de rencontrer Jamila et Robert dans le cadre d’une invitation du festival OVNi et d’une proposition de réalisation d’un film expérimental en lien avec l’olympiade culturelle. Notre intérêt commun s’est porté sur les sports nautiques, d’une part parce que je développe un travail sur la mer, d’autre part étant donné que Nice est une ville tournée vers la Méditerranée. Spontanément le club nautique de Nice, que nous avions contacté, nous a mis en relation avec un couple passionné de voile malgré leur déficience visuelle. J’ai donc embarqué à bord de leur voilier avec pour objectif initial de mettre en lumière leurs exploits en mer, malgré la cécité totale de Jamila et la cécité partielle de Robert.
Cependant, ce qui a véritablement captivé mon attention, c’est la discussion que j’ai eue avec eux sur leur capacité à percevoir des nuances complexes influencée par leurs sensations et leur humeur ainsi que par les émotions vécues par le fait d’être embarquées.
Cette conversation m’a inspiré la possibilité de retranscrire visuellement cette capacité à exprimer des émotions à travers des images altérées et un travail sonore reflétant l’état émotionnel de leur expérience en mer.
Malgré sa cécité, Jamila est capable de ressentir visuellement les variations météorologiques par des contrastes en noir et blanc. Cette capacité extraordinaire due à un processus neurologique, connue sous le nom de “phénomène de Riddoch”, a été décrite pour la première fois par le neurologue écossais George Riddoch en 1917. Il décrivait comment certains patients pouvaient percevoir des couleurs, des mouvements dans leur champ visuel aveugle, même en l’absence de perception.
Ce film représente donc une tentative de retranscrire émotionnellement l’expérience vécue lors d’un embarquement sur le voilier de Jamila et Robert, à travers l’image et le son.
Justine Emard | Hyperphantasia, from the origins of images | 2023 | 12’ | couleur, son
Depuis les profondeurs de la grotte jusqu’à celle de notre cerveau, Hyperphantasia créé un espace de rencontre entre 36 000 ans de technologies d’images, à la recherche de l’origine des images. Au paléolithique, on plongeait dans les profondeurs et l’obscurité de la caverne, avec ce désir pour l’humain d’y inscrire une œuvre de l’esprit sur les parois des grottes.
En 2022, les sciences computationnelles nous permettent d’analyser de grandes quantités de données et de générer des prédictions.
À partir d’une base de données scientifique de la grotte Chauvet Pont-d’Arc, un réseau de neurones artificiel a été entraîné afin de fabriquer de nouvelles images de la préhistoire pour la création de l’œuvre. Une paroi vidéographique s’anime lentement laissant entrevoir une “nouvelle” préhistoire, des imaginaires parallèles de nos ancêtres. En 2021, une mission du Cnes et de l’ESA étudie l’évolution du sommeil dans l’espace. Des données encéphalographiques enregistrées sur plusieurs nuits ont permis à l’artiste de travailler à partir de signaux de rêves de l’espace.
Ces signaux du plus profond de notre inconscient sont incarnés dans des architectures de rêves en impression 3D. Un paysage issu des images mentales apparaît dans la lumière de la vidéo. Depuis la génération de nouvelles images inédites de la préhistoire par un modèle de machine learning jusqu’à l’extrusion de sculptures de rêves de l’espace. On suit la naissance de nouvelles images des profondeurs de nos imaginaires qui vont fusionner et se synchroniser.