Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars
Désert Numérique
Grecu Mihai
Salle Gaillard, 2 rue Saint Pierre
Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h
En accès libre
This post is also available in: English (Anglais)
Jeudi 13 mars – Dimanche 30 mars
Horaires d’ouverture :
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Le dimanche de 14h à 18h
En accès libre
Le Désert Numérique est une série de métaphores visuelles complexes qui explorent le concept de paysages artificiels à une époque où la nature et la technologie s’entremêlent de plus en plus. Situé à la croisée de l’art environnemental et des rêves inspirés par la science-fiction, ce projet est le fruit d’une collaboration avec une intelligence artificielle, où les frontières entre l’organique et le synthétique s’effacent. Ensemble, nous donnons naissance à des visions spéculatives et saisissantes de la transformation de la matière dans l’immensité inexplorée d’un désert numérique—un lieu à la fois étranger et familier, où de nouveaux mondes prennent forme.
Au cœur de cette série se trouve une réflexion sur l’interconnexion : les liens délicats qui unissent la végétation, la fluidité vaporeuse de la matière semblable à des nuages, la beauté étrange des géologies en lévitation et la précision froide des espaces artificiels. Ici, la nature est réinterprétée dans le langage des machines, façonnée non par des pinceaux ou de l’argile, mais par des algorithmes et des données. Malgré leurs origines, ces créations conservent une certaine fragilité. Les œuvres, éphémères et surnaturelles, flottent au-dessus du désert numérique comme des entités transitoires, désincarnées mais encadrées dans des structures synthétiques—un clin d’œil aux expositions d’art auto-destructrices où la permanence n’est qu’une illusion.
Chacun de ces paysages témoigne de la frontière de plus en plus floue entre le naturel et le technologique. Ils reflètent une réalité contemporaine où la consommation humaine a marqué la Terre de cicatrices, réduisant d’immenses écosystèmes en cendres pour les remplacer par des simulations virtuelles. Dans ce monde, les plantes, les animaux, et même des environnements entiers sont reconstruits sous forme de répliques numériques—des simulacres qui rappellent ce qui a été perdu mais ne peuvent jamais reproduire pleinement l’essence du réel.
À travers ses images évocatrices et son approche spéculative, Le Désert Numérique invite le spectateur à réfléchir aux implications de cette transformation. Il pose des questions sur ce que signifie coexister avec la technologie, sur les conséquences de l’intervention humaine, et sur la nature éphémère de l’existence elle-même. Dans ces paysages oniriques imaginés, l’artificiel devient un miroir de notre réalité, reflétant le paradoxe du progrès et de la perte dans une société qui se précipite vers un avenir incertain.
Mihai Grecu est plasticien et réalisateur de nationalité Roumaine, diplômé du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, il vit et travaille à Paris. Oscillant entre cinéma expérimental et créations en images de synthèse, son imagerie singulière met en œuvre des visions oniriques traversées par des allégories politiques, des objets surréalistes, architectures modifiées et personnages-symboles. Il est lauréat du Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma pour son œuvre documentaire. Son travail filmique et artistique a été montré et primé dans des nombreux festivals de film (Rotterdam, Festival du Nouveau Cinéma à Montréal, Clermont Ferrand, Videobrasil) et expositions (“Dans la nuit, des images” au Grand Palais, “Labyrinth of my mind” au Cube, “Studio” à la Galerie Les filles du Calvaire, Ars Electronica etc).
Propos recueillis par Fanny Bauguil (professeure relai à VIDEOFORMES) et Manon Derobert (chargée de communication pour VIDEOFORMES)
C’est un dispositif holographique qui présente des métaphores visuelles réalisées à l’aide de l’intelligence artificielle, figurant des étranges espaces désertiques imaginaire.
Elle a été montrée en Roumanie à Cluj. Je commence par réaliser des videos AI et ensuite je les transforme en 3d en rajoutant des donnes de profondeur pour créer l’aspect holographique.
Cette installation est un hommage à Bill Viola, l’un des pionners de l’art vidéo, décédé l’année dernière.
Surtout adapter les images générées en AI à cette technologie de rendu 3d en profondeur.
Mon Instagram, @thegrecu
IA, désert, hologramme
Dans ma pratique artistique je me suis progressivement tourné vers la création numérique dans les années 2000, en réalisant des œuvres d’art vidéo et des films expérimentaux qui mélangent des visions oniriques et des prises de vues réelles. Cette voie m’a amené vers un processus de travail complexe en utilisant les nouvelles technologies en constante évolution.
D’abord par l’entremise de l’image de synthèse et ensuite avec l’avènement de la réalité virtuelle, l’animation 3d et finalement l’Intelligence Artificielle, je m’exprime avec une large panoplie d’outils de création sur support numérique. Entre 2006 et 2008 j’ai été étudiant au Fresnoy, ce qui m’a permis pour la première fois de travailler avec une équipe de tournage et postproduction. Je me suis rapproché de plus en plus du milieu du cinéma, en commençant à penser des projets adaptées à ce langage.Les deux oeuvres hybrides que j’ai réalisées au Fresnoy, à la croisée du cinéma expérimental, de l’art vidéo et de l’animation en 3d, ont été primées et sélectionnées dans des nombreux festivals et expositions d’art en France et à l’international.Cette expérience a élargi ma vision, en me motivant à réaliser des projets audacieux ou je traite des sujets contemporains (comme la crise écologique, le capitalisme tardif, la géopolitique) en les mettant face à des nouvelles technologies de plus en plus puissantes et philosophiquement provocatrices (l’image de synthèse, la réalité virtuelle, les hologrammes, l’intelligence artificielle) . J’ai compris que pour relever des dimensions cachées du monde contemporain j’ai besoin de maîtriser les technologies numériques, qui sont un des langages constitutifs de la géopolitique contemporaine, de plus en plus complexe et imprévisible, sur fond de capitalisme tardif et percée des idéologies extrémistes. Ainsi, progressivement, un motif devient central dans mon travail : l’allégorie de l’absurdité des régimes politiques totalitaires, que je représente moyennant les nouvelles technologies. D’abord centré autour de la crise écologique et les dérives du capitalisme, dans mes œuvres des années 2010, la métaphore politique commence à englober les thématiques du totalitarisme et de la dictature autour de 2015. La série de trois courts métrages “centipede sun”, “exland” et “we’ll become oil” (entre 2009 et 2012) détourne les paysages désertiques pour révéler des facettes invisibles d’une crise environnementale en pleine expansion. Je transforme la nature existante en rajoutant des métaphores visuelles qui font réfléchir à la complexité du dérèglement climatique et géographique. Par exemple dans “we’ll become oil” je montre des gigantesques incendies fictifs de puits de pétrole dans un pays indéterminé, entièrement générées par l’ordinateur. En écho au monde contemporain, cette œuvre présente une dystopie fictive mais tout à fait possible, comme une fenêtre vers des présents alternatifs qui font réfléchir à la manière dont le capitalisme tardif re-modélise la nature millénaire.